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Formation des enseignants : « Les propositions de réforme empruntent une voie opposée à l’idée d’une autonomie professionnelle »

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Dans plusieurs pays, Etats, provinces ou régions (Australie, Communauté française de Belgique, France, Québec…), à travers les perspectives de refonte de la formation des enseignants, se voit plus ou moins subrepticement remis en cause le modèle – pourtant accrédité depuis une bonne vingtaine d’années – d’un praticien qui réfléchit dans l’action, notamment en adaptant, concevant, voire créant, ses progressions et séquences d’enseignement avec le libre choix de ses méthodes. Référer à des programmes en vigueur dans le cadre d’une législation scolaire précise, ce modèle ne délie évidemment pas l’enseignant des obligations liées au statut de fonctionnaire en général, encore moins des préconisations formulées dans les référentiels de métier en particulier.
En France, « le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation » contient, sous la rubrique Compétences communes à tous les professeurs, en plus de celles de « mettre en œuvre » et « animer », la mention significative du verbe « construire », appliquée aux situations d’enseignement et d’apprentissage. Le code de l’éducation, par ailleurs, retient très explicitement en son article L 912-1-1 une formulation déjà utilisée dans la loi Fillon de 2005 : « La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l’éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d’inspection. »
Or, au diapason de ce qui s’observe notamment en Australie avec les « Australian professional standards for teachers » ou au Québec avec le projet de loi L 23 (largement critiqué par de nombreux chercheurs de cette province), les actuelles propositions françaises de réforme des contenus de formation des enseignants empruntent une voie opposée à l’idée d’une autonomie professionnelle des praticiens dans leur activité d’enseignement.
Nous nous référons ici à un projet du groupe de travail 2 (GT2), « formation et ressources » du conseil scientifique de l’éducation nationale (CSEN), prenant la forme d’un texte, non transmis au grand public, adressé en février 2024 aux seuls directeurs du réseau des INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation), avec statut de document intermédiaire, sollicitant de la part de ces derniers des « commentaires ». Nous relevons que, sur neuf des membres le composant, ce groupe comprend six, voire sept chercheurs se réclamant de références académiques aux neurosciences.
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